Titre : | Nébuleuse de l'insomnie (La) |
Auteurs : | Antonio Lobo Antunes, Auteur ; Dominique Nédellec, Traducteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | [Paris] : C. Bourgois, DL 2012 |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-267-02362-6 |
Format : | 1 vol. (346 p.) / couv. ill. / 20 cm |
Langues: | Français |
Langues originales: | Portugais |
Résumé : |
À force d?obstination, un homme brutal et dénué de scrupules parvient à constituer un vaste domaine agricole, avec l?indéfectible soutien de son contremaître. C?est en patriarche despotique qu?il gouverne son monde : les paysans soumis comme des bêtes ; les bonnes qui s?affairent dans la cuisine et se plient à ses caprices ; son fils qu?il juge bon à rien et qui ne pense qu?à fuir au galop jusqu?au bourg voisin ; ses deux petits-fils, « l?idiot », tout aussi méprisé que son père, et le favori, à qui l?héritage est promis. Mais, désormais, la splendeur du domaine n?est plus qu?un lointain souvenir. Le blé et le maïs ne poussent plus, les milans ont déchiqueté les dernières chèvres, la lagune et la frontière demeurent introuvables et plus aucun visage ne se reflète au fond du puits. Dès lors, il ne reste plus qu?à explorer ? ou à réinventer ? ? les décombres du passé. Écouter cette multitude de voix fielleuses ou déchirantes dont l?écho estompé réussit encore à troubler le silence de la nuit, cette « nuit qui s?épaissit en nous effaçant ». Le livre comprend trois parties de cinq chapitres chacune. Dans les deux premières, le récit est pour l?essentiel à la charge de « l?idiot », le petit-fils dédaigné. On fait d?abord connaissance avec les principaux protagonistes du récit : le grand-père atrabilaire ; le contremaître de toute éternité dévoué à son patron ; le fils à la fois répudié par le patriarche et délaissé par sa femme qui lui préfère le commis ; les deux petits-fils qui semblent être les derniers survivants de ce monde rongé par la déchéance. Dans cette microsociété rurale, tous les rapports sont placés sous le signe de la violence. On fracasse la cheville d?un employé récalcitrant à coups de maillet, on enfonce dans les côtes d?une épouse en fuite des aiguilles à crochet, on tire sur le curé médisant, on renonce à la vie en avalant du fongicide, on démembre à coups de sarcloir, on égorge, on étrangle, on se pend? Dans la seconde partie, depuis l?hôpital dans lequel il a été interné pour autisme, « l?idiot » poursuit son récit : lambeaux de souvenirs, divagations de malade ou ?uvre d?un démiurge ostracisé ? Difficile de trancher. D?autant qu?à l?en croire, c?est son frère qui serait le véritable auteur des lignes qu?on lit. La troisième et dernière partie donne la parole à plusieurs narrateurs, qui vont compléter ou contredire ce qu?on croyait savoir jusqu?ici : Maria Adelaide, amour d?enfance de l?idiot et épouse de son frère ; le commis, l?un des nombreux bâtards du patriarche et le vrai père de l?autiste ; la vieille cousine Hortelinda qui, avec son petit chapeau à voilette et ses giroflées, joue un peu le rôle du nautonier Charon pour la famille ; le fils du patriarche déconsidéré par tous ; et, enfin, le frère de l?autiste. Antðnio Lobo Antunes est né en 1942 sous la dictature salazariste. Médecin, il se spécialise en psychiatrie et exerce à l?hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne jusqu?en 1985. Lobo Antunes nourrit son écriture du matériel psychique qui a marqué toute une génération de Portugais : les contradictions d?une bourgeoisie à la fois ravie et mise à mal par la Révolution des ?illets, les traumatismes de la guerre coloniale et le retour dés?uvré des colons en métropole. Antðnio Lobo Antunes a reçu le Prix Union Latine en 2003, le Prix Jérusalem en 2005 et le Prix Camoes, le plus prestigieux du monde lusophone, en 2007. Une fois encore, Antðnio Lobo Antunes plonge ses lecteurs au c?ur des ténèbres (et « le jour ne se lèvera jamais », est-il rappelé à la fin du livre), dans un monde où existe « une intranquillité dans les choses », une hostilité généralisée, où les relations entre individus ne sont que violence (soumission sexuelle, relations incestueuses, meurtres?), marqué par des rapports de classe sans merci, avec son lot de haines recuites, de ranc?urs, d?oppression et de désirs indicibles. La famille constitue comme souvent un creuset délétère où se broient les êtres. Chacun cherche désespérément à obtenir une marque d?affection mais cette quête semble décidément vouée à l?échec, comme si un tel objectif, inavouable (y compris à soi-même), était surhumain. De sorte que tous les personnages sont à leur manière des orphelins, des déshérités, des êtres inconsolés, d?éternels « desdichados ». On retrouve ainsi dans L?Archipel de l?insomnie des thèmes qui s?imposent avec constance à Antðnio Lobo Antunes : la grandeur perdue et la décrépitude, la bâtardise, l?impossible filiation, l?héritage réel ou fantasmé, l?amour familial désiré et refusé, la cruauté de l?homme, l?attente de la mort, la déchéance des corps et le désir de laisser une trace, de survivre coûte que coûte au « sentiment d?être outragé par l?injustice du temps ». Avec une liberté qui ne s?interdit aucune fantaisie et qui est généreusement partagée avec le lecteur (puisque rien ne s?oppose à ce qu?il devienne à son tour le maître du jeu, en agençant à sa guise l?infinité des sens possibles du récit), grâce à ce brassage unique d?images foisonnantes, de réminiscences, de sensations qui bouleverse la chronologie et la narration traditionnelles, Lobo Antunes signe un nouveau livre d?une grande puissance poétique, écrit dans une langue qui sonde les profondeurs les plus intimes d?un univers (le nôtre) trouble, insaisissable et poignant. « Il s?agit probablement du roman le plus réussi de Lobo Antunes : le texte est condensé sans excès et il transmet efficacement le timbre singulier et profond de la voix de l?auteur, un récit insidieusement répétitif, sans jamais être rébarbatif, et toujours poétique. Le lecteur comprend que la grande littérature, comme ce que disait Victor Hugo au sujet de la musique, ?c?est du bruit qui pense.? La cadence narrative dévoile, avec une splendeur touchante, un auteur obstiné par la quête de la géométrie juste, qui recherche méticuleusement la mesure des mots. Voilà toute la maîtrise d?un écrivain qui est au service de la psychologie de ses personnages. » (Filipa Melo, Ler) « L?Archipel de l?Insomnie est habité par une polyphonie de spectres, qui sonne comme une mélodie risquée de phrases et de sons syncopés et crispés, des agents dévorant la partition textuelle elle-même, qui parvient malgré tout à survivre. [?] Nous revient à l?esprit Le Bruit et la Fureur de William Faulkner, que Lobo Antunes affirme lire de moins en moins mais dont il ne pourra pas fuir l?héritage littéraire. [?]Dans ce dernier texte cependant, les voix se mélangent (une seule, peut-être ?), le rythme délirant est omniprésent, l?hallucination ne se distingue pas du réel, et les vivants et les morts échangent leurs rôles, se brouillant les uns dans les autres, dans des vieilles photos sans futur. [?]. Le style est expurgé du réalisme, simple prétexte imagé pour un exercice de langue radical : onirique, juste, cruelle, elle n?est jamais désincarnée, à l?image de la musique, qui est l?art le plus rationnel et le plus sensuel. » (Ana Cristina Leonardo, L?Expresso) |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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KH012848 | R LOB | LIVRE | IF Kinshasa | k_Romans | Document pouvant être prêté Disponible |